Cense du Mont à Gerpinnes

Texte : Thierry Frippiat

Une ancienne ferme

Comme d’autres demeures du centre du village, cette propriété est parfois assimilée à un château : « Château Dupuis » ou « Château Evrard », disent certains locaux en référence aux précédents propriétaires. En réalité, il s’agit avant tout d’une ferme : la « Cense du Mont » ou « Ferme d’En-Haut ». Le premier surnom doit évidemment à la localisation du bâtiment sur un promontoire dominant la rive droite du ruisseau d’Hanzinne, surnommé « le Mont » depuis le Moyen Âge. Pour gravir ce relief, on empruntait autrefois la « rue du Mont », rebaptisée plus tard en l’honneur de Napoléon Anrys, un soldat gerpinnois tombé durant la Seconde Guerre mondiale. Quant à l’expression « Ferme d’En-Haut », elle répond au « Château d’En-Haut », actuelle maison communale, qui se dresse sur le versant opposé de la vallée. Une maison avec grange et jardin est déjà mentionnée au lieu-dit « Mont », en 1478.

Illustration n° 1. Sur un linteau de porte, les armoiries de la famille de Bruges de Gerpinnes ont été sculptées dans la pierre. Elles rappellent l’identité de Guillaume, le fondateur de la demeure.

Évolution du site

Au début du XVIIe siècle, cette ferme appartient à Guillaume de Bruges, maïeur de Gerpinnes. Ce dernier fait reconstruire les bâtiments. De cet ensemble architectural élevé en 1617, il ne reste que le corps de logis, transformé et agrandi par la suite. Au XIXe siècle, la Cense du Mont semble avoir atteint son extension maximale. Les plans de l’époque montrent un complexe bien plus étendu qu’il ne l’est actuellement, composé de trois ailes formant une cour ouverte sur la rue, en direction du N.-O. (vers l’église). Les ailes adjacentes aux rues n’existent plus, mais on peut encore en lire l’emplacement sur le mur d’enceinte au N.-O. : la largeur de la cour correspond plus ou moins à la partie munie de grilles, tandis que l’emprise des anciens bâtiments se devine dans les hauts murs. Sur une carte postale du début du XXe siècle, on distingue encore les bâtiments aujourd’hui disparus (voir ci-dessus). À cette époque, l’activité brassicole s’est développée dans les murs de la ferme : on parle de la « Brasserie Bouillon ». On peut penser que les matériaux issus du démantèlement d’une partie de ces bâtiments ont réutilisés pour la construction des annexes modernes. Henri Dupuis, directeur des usines Moncheret (Acoz), puis la famille Jacques Evrard ont occupé les lieux après M. Bouillon. La propriété appartient à M. et Mme Gailly depuis 2005.

Illustration n° 2. L’ensemble architectural était autrefois plus étendu et dessinait une cour ouverte sur la rue.
Illustration n° 3. Sur les photos les plus anciennes, on distingue à droite de la rue des bâtiments aujourd’hui disparus.

Liste des illustrations

1. Photographie : armoiries de Guillaume de Bruges, inscrites dans la pierre 1617. Photo C. Gailly-Linden.
2. Plan : atlas des chemins vicinaux, 1841. Adm. communale de Gerpinnes.
3. Carte postale : rue du Mont, au début du XXe siècle. Coll. Y. Debacker.

Citer cet article

« Cense du Mont à Gerpinnes », dans Cercle d’Histoire et de Généalogie de Gerpinnes, Gerpinnes. Histoire et Patrimoine, histoiregerpinnes.wordpress.com.

Mis à jour le 9 février 2020.