Texte : Thierry Frippiat
Construction
Situé en bordure du ruisseau Saint-Pierre, le domaine de la Tour est probablement occupé dès le Moyen Âge. Un lieu dit « Château de la Tour » est en effet cité dès 1327. Les bâtiments actuels, quant à eux, ne sont pas antérieurs au début du XVIIIe siècle, comme en atteste le millésime « 1721 » inscrit en façade (ancres) et sur la clé du porche. Leur construction est due à la famille Grosjean ; les ancres dessinant les initiales « I. G. », précédant la date sur la façade, renverraient d’ailleurs à un certain Isidore Grosjean. Le château-ferme a longtemps appartenu à cette famille. Au début du 19e siècle, il passe en d’autres mains par mariage : Rosalie Grosjean (1783-1860) épouse Amand Evrard (1773-1848). La famille Evrard conservera à son tour le château durant plus d’un siècle et demi.

Évolution du site
Les édifices dessinent un beau quadrilatère en briques et moellons, accessible par un porche, et sont initialement dédiés à l’exploitation agricole. L’aile S.-E. est occupée par le corps de logis, présentant deux niveaux en façade et une toiture à la Mansart. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la solide tour dont est flanquée l’habitation n’est pas d’origine, mais résulte plutôt d’un agrandissement réalisé au début du XXe siècle. Les cartes et plans du XIXe siècle, mais aussi les cartes postales d’avant-guerre en témoignent. À cette époque, on parle pourtant déjà du « Château de la Tour », dont le nom provient sans doute d’une implantation préexistante. Le bâtiment faisant face au porche accueille les écuries et la grange. À la fin des années 1970, les écuries sont partiellement convertie en maison d’habitation. Des annexes occupent les angles de la cour, autrefois pavée. Le domaine comprend aussi une arrière-cour murée, située entre la grange et la fontaine Sainte-Rolende.

Les inondations du 24 août 1987
Le 24 août 1987, suite à des précipitations exceptionnelles, d’impressionnantes quantités d’eau assaillissent brutalement le village. Le château-ferme de la Tour, alors propriété de la famille Evrard, est le premier obstacle rencontré par le torrent d’eau débordant très largement du lit du ruisseau Saint-Pierre. Du côté de la fontaine Sainte-Rolende, une partie du mur d’enceinte ne résiste pas au choc et s’effondre. Toute la propriété est envahie par les eaux, qui détruisent également un pilier du porche d’entrée. Une personne qui se trouvait dans la cour a été surprise. Voyant sa voiture emportée par les flots, elle s’est trouvée à la dérive sur une porte avant d’atteindre une fenêtre et de pouvoir s’abriter dans le bâtiment. Comme en de nombreux endroits du village, les dégâts matériels sont considérables.

Histoire récente
Dès la fin du XXe siècle, la famille Evrard vend une partie de la propriété, soit le corps de logis et la grange, à M. Laurent et ne lui cédera l’habitation faisant face au porche que quelques années plus tard. Le corps de logis est progressivement destiné à accueillir les activités du nouveau propriétaire, agent maritime. Il est ensuite loué et accueille successivement des activités diverses : un assureur, un bureau d’investissements et deux restaurants. M. Laurent installe ses bureaux dans la grange jusqu’en 2013, puis loue le bâtiment à une fiduciaire jusqu’en 2019. L’ensemble du château-ferme est aujourd’hui occupé par l’ASBL La Sérénade, qui propose un centre d’hébergement et de jour pour personnes présentant un handicap mental et/ou une maladie mentale.
Liste des illustrations
1. Carte postale : le château de la tour vers 1900. Coll. Y. Debacker.
2. Plan : atlas des chemins vicinaux, 1841. Adm. communale de Gerpinnes.
3. Photographie : effondrement du mur d’enceinte au sud-ouest. Coll. A. Poulain.
Citer cet article
« Château de la Tour à Gerpinnes », dans Cercle d’Histoire et de Généalogie de Gerpinnes, Gerpinnes. Histoire et Patrimoine, histoiregerpinnes.wordpress.com.
Mis à jour le 9 février 2020.