Château d'En-Haut à Gerpinnes

Texte : Thierry Frippiat

Une ancienne ferme fortifiée

Illustration n° 1. Le château d’En-Haut, imposante ferme fortifiée, se dresse à la sortie du village.

Le « château d’En-Haut » est en réalité une ferme fortifiée construite au XVIIe siècle par la famille de Bruges, particulièrement influente à Gerpinnes durant plusieurs siècles. Installé sur une terrasse surplombant le ruisseau d’Acoz, il décrivait autrefois un vaste quadrilatère dont on ne connaît plus aujourd’hui que l’aile S.-E. et deux tours d’angle. Les plans établis dans les premières décennies du XIXe siècle représentent encore cet ensemble dans son expansion maximale (voir ci-dessus). Des transformations successives auront ensuite raison d’une grande partie des bâtiments. Une première étape importante est ainsi franchie en 1882, avec la suppression de l’aile S.-O. et d’une moitié de l’aile opposée. En 1926, il en va de même de la moitié subsistante et de l’aile N.-O., avec son porche monumental. Outre les deux tours d’angle et un pavillon du XVIIIe siècle, seul subsiste le corps de logis, tout de même agrandi à deux reprises.

Illustration n° 2. Évolution du site du XIXe siècle à aujourd’hui.

Acquisition par l’Administration communale

Au tournant des années 1970, Gerpinnes doit relever les défis de la modernisation. Parmi ceux-ci : la demande croissante d’emplacements de parking ou d’espaces de détente par exemple, mais aussi la nécessité de pouvoir héberger de nouveaux services à la population, tels que la collecte de sang de la Croix-Rouge ou la consultation des nourrissons qui nécessitent des locaux adéquats. L’Administration communale est alors installée dans des bâtiments inaptes à répondre tant à ses propres besoins qu’aux nécessités nouvelles. La maison de l’instituteur, ainsi que l’ancienne salle des fêtes, installées dans le même ensemble architectural de la fin du XIXe siècle,  rencontrent d’importants problèmes de salubrité et de sécurité. À cette époque, le Ministère de l’Intérieur discute également d’une fusion avec plusieurs communes voisines : Hanzinelle, Hanzinne, Joncret, Somzée, Tarcienne, Thy-le-Baudouin et Villers-Poterie. Les services communaux seraient bien vite à l’étroit…

Illustration n° 3. L’aile N.-O., avec son porche monumental, est démolie en 1926.

Une solution est trouvée : le Château d’En-Haut et son domaine, propriétés du général d’Orjo de Marchovelette, sont acquis par la commune contre une somme de trois millions de francs. Les services communaux seront transférés dans ce château, qui doit être aménagé pour répondre aux nécessités et dont les richesses artistiques bénéficieront d’une restauration. Le domaine adjacent permet de surcroît la création d’un parking et d’un parc public. Les plans d’aménagement sont établis par l’architecte Decoeur, tandis que les Gerpinnois mettent la main à la pâte. Le bourgmestre, Edouard Evrard, conduit lui-même son bulldozer pour ouvrir le mur d’enceinte. M. Daffe prête le camion de sa scierie, des entrepreneurs locaux apportent leur aide bénévole et les ouvriers communaux s’affairent à dessoucher les espaces verts. L’installation sera définitive en 1973. Le projet initial prévoit également la démolition des bâtiments faisant face à l’église au profit d’un vaste parking ; il n’en sera rien.

Illustration n° 4. Le château d’En-Haut avant son acquisition par l’Administration communale.

Art et folklore

Transformé en Hôtel de Ville, le Château d’En-Haut devient un cadre privilégié pour l’exaltation de l’identité locale. À Gerpinnes, comme en de nombreuses localités de l’Entre-Sambre-et-Meuse, on marche : la Sainte-Rolende, qui rassemble annuellement près de 3.300 marcheurs durant le week-end de Pentecôte, est un événement phare de l’an gerpinnois. Naturellement, le folklore local est ici mis à l’honneur par les artistes.

Illustration n° 5. Le Monument aux Marcheurs est inauguré le 27 avril 1980.

À l’occasion de son vingtième anniversaire, l’Association des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse (AMFESM) inaugure le Monument aux Marcheurs, le 27 avril 1980. L’artiste-sculpteur Félix Roulin est l’auteur de cette œuvre visant à représenter l’idéal du marcheur de son époque. Sa création se compose de six motifs de marches en bronze. Ces éléments s’insèrent dans des fenêtres logettes percées à cet effet dans le mur d’enceinte du château.

Illustration n° 6. La fresque « Notre Folklore » est l’oeuvre de l’artiste-peintre Roger Lorant.

Quelques années plus tard, l’Administration communale organise à son tour un concours. Il s’agit alors de décorer un pan de mur de la Salle du Conseil, également utilisée pour la célébration des mariages. Roger Lorant, peintre aquarelliste gerpinnois, est désigné comme lauréat. Sa réalisation, une fresque peinte à l’huile sur toile et intitulée « Notre Folklore », se compose de quelques 18 panneaux (50 x 70 cm). Elle représente des éléments emblématiques de la Sainte-Rolende : la châsse, les pèlerins, les marcheurs, les différents villages traversés par la procession, etc.

Liste des illustrations

1. Carte : atlas des chemins vicinaux, 1841. Adm. communale de Gerpinnes.
2. Plan : évolution du site du XIXe siècle à aujourd’hui. © Cercle d’Histoire et de Généalogie de Gerpinnes, 2019.
3. Carte postale : le tilleul séculaire du château d’En-Haut. Coll. Y. Debacker.
4. Carte postale : le château d’En-Haut. Coll. Y. Debacker.
5. Photographie : inauguration du Monument aux Marcheurs, 27 avril 1980. Coll. Musée des Marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
6. Photographie : fresque « Notre Folklore », par Roger Lorant. Photo M. Robert.

Citer cet article

« Château d’En-Haut à Gerpinnes », dans Cercle d’Histoire et de Généalogie de Gerpinnes, Gerpinnes. Histoire et Patrimoine, histoiregerpinnes.wordpress.com.

Mis à jour le 9 février 2020.